Loi J.O. : refusons la surveillance biométrique 

Courant mars, l’Assemblée nationale va se prononcer sur le projet de loi relatif aux Jeux olympiques et paralympiques, déjà adopté par le Sénat. En son sein, l’article 7 vise à autoriser la vidéosurveillance automatisée (VSA), cet outil de surveillance biométrique qui, à travers des algorithmes couplés aux caméras de surveillance, détecte, analyse et classe nos corps et comportements dans l’espace public. Il s’agit d’un changement d’échelle sans précédent dans les capacités de surveillance et de répression de l’État et de sa police.

Sur cette page, vous retrouverez un ensemble de ressources et d’outils pour vous permettre de vous engager contre la VSA et contre l’article 7 du projet de loi Jeux olympiques.

  1. Une frise chronologique des passages à l’Assemblée indiquant les meilleurs jours pour téléphoner aux député·es
  2. Un « Piphone » : un outil qui fournit les numéros des député·es
  3. Une vidéo expliquant le fonctionnement et les dangers de la VSA
  4. Un argumentaire pour convaincre les député·es
  5. Des moyens de partager l’information autour de vous

1 · Frise législative : quel est le meilleur moment pour appeler ?

2 · Piphone : choisir quel·le député·e appeler

Stratégiquement, nous vous conseillons d’appeler les député·es de la majorité (Renaissance, Horizons et Modem) et du PS (qui s’est abstenu au Sénat). Vous pouvez les contacter toute la semaine et si possible les lundi, jeudi et vendredi, lorsqu’ils ne sont pas dans l’hémicycle. C’est probable que vous ayez un·e assistant·e au téléphone et ce n’est pas grave ! N’hésitez surtout pas à lui parler, en lui demandant ensuite de relayer votre opinion auprès de son ou de sa députée.


3 · Fonctionnement et dangers de la VSA

4 · Argumentaire : convaincre le·a député·e de rejeter l’article 7

Appelons sans relâche les député·es afin de faire pression sur la majorité présidentielle et les élu·es qui pourraient changer le cours du vote.
Pour les convaincre, nous avons préparé quelques arguments phares que vous pouvez sélectionner, utiliser, remanier à votre sauce lorsque vous appelez les parlementaires. D’abord, cinq points d’alarme sur les dangers de la vidéosurveillance algorithmique. Ensuite deux « débunkages » d’arguments que l’on retrouve souvent dans la bouche des adeptes de la surveillance.

La VSA est par essence un outil de surveillance totale

La VSA n’est pas un simple logiciel : elle analyse des milliers d’heures de vidéos pour catégoriser les comportements suivant ce que les autorités auront qualifié de « suspect » ou « anormal » pour l’appliquer en temps réel sur les caméras de surveillance. Cela crée un gigantesque système de ciblage « d’anomalies » afin d’automatiser le travail de la police. Il s’agit d’un réel changement de dimension de la surveillance et d’industrialisation du travail d’image pour démultiplier les notifications et interpellations, guidées par cette intelligence artificielle.

La VSA existe déjà et elle est déployée dans l’opacité

Déployée ces dernières années en toute opacité, la VSA est une technologie quasiment inconnue de la population. Développée et vendue discrètement par des entreprises, elle est implantée sans information par les collectivités, empêchant les habitant·es d’avoir facilement accès à ce qui est installé dans leur ville. Ce déploiement ne répond pas à un besoin démocratique mais à des logiques économiques alors qu’aucune preuve d’efficacité n’existe.
Par exemple, le logiciel de l’entreprise Briefcam, déployé en catimini dans plus de 200 municipalités en France, permet de réaliser des recherches par attributs (couleur des vêtements, couvre-chef, sac, type de vêtement et supposé genre de la personne), de faire du suivi de personne à travers toutes les caméras de la ville et possède même l’option « comparaison faciale » qui permet de faire une recherche parmi les flux vidéos du visage identifié. C’est grâce à un long travail de documentation de notre part et d’investigation de journalistes qu’il a été possible de comprendre ce que peut réellement faire ce fameux logiciel de VSA le plus vendu en France.
Cette opacité rend totalement impossible l’expression d’un choix démocratique sur la question.

La VSA n’est pas moins dangereuse que la reconnaissance faciale

La VSA et la reconnaissance faciale reposent sur les mêmes algorithmes d’analyse d’images et de surveillance biométrique. La seule différence est que la première isole et reconnaît des corps, des mouvements ou des objets, lorsque la seconde détecte un visage. Ce sont généralement les mêmes entreprises qui développent ces deux technologies. Par exemple, la start-up française Two-I s’est d’abord lancé dans la détection d’émotion, a voulu la tester dans les tramways niçois, avant d’expérimenter la reconnaissance faciale sur des supporters de football à Metz. Finalement, l’entreprise semble se concentrer sur la VSA et en vendre à plusieurs communes de France. La VSA est une technologie biométrique intrinsèquement dangereuse, l’accepter c’est ouvrir la voie aux pires outils de surveillance.

La France est la cheffe de file de l’Europe en terme de surveillance

Avec cette loi, la France sera le premier État membre de l’Union européenne à légaliser et autoriser la surveillance biométrique, à l’opposée d’autres positions au sein de l’UE. Les discussions en cours sur le règlement européen sur l’intelligence artificielle envisagent même son interdiction formelle. La France confirmerait sa place de cheffe de file de la surveillance en Europe, s’éloignant toujours plus des idéaux de respect des droits fondamentaux et se rapprochant de la culture de la surveillance d’autres pays plus autoritaires. Les pays qui ont profité d’évènements sportifs pour tester et rendre acceptables des technologies de surveillance sont la Russie, la Chine et le Qatar.

Aucun garde-fou possible pour la VSA

Pour faire des traitements d’images pointus et reconnaître des formes avec précision, les algorithmes de VSA doivent être basés sur une technologie complexe dite de « deep learning » qui fonctionne grâce à des calculs si sophistiqués qu’ils dépassent l’entendement humain. L’algorithme décide lui-même quels paramètres sont pertinents pour détecter un évènement, sans qu’il soit possible de savoir lesquels ont été retenus pour donner le résultat. Il est impossible de garantir que le logiciel n’exploitera pas de données sensibles et de caractéristiques biométriques. Même les concepteurs de ces algorithmes n’ont pas de visibilité sur les données qu’ils exploitent. Ces technologies sont intrinsèquement dangereuses et ne pourront jamais être limitées efficacement sur le plan légal ou technique. Le seul garde-fou envisageable est l’interdiction de leur usage sur des activités humaines filmées dans l’espace public.

Réponses aux contre-arguments

« La VSA sera expérimentée uniquement pour les Jeux Olympiques »

Faux, les Jeux olympiques ne sont pas une expérimentation : la VSA est déjà déployée en toute opacité et illégalité et continuera à l’être après. On a retrouvé des traces de contrat entre la ville de Toulouse et IBM pour détecter des comportements anormaux dès 2017, on compte au bas mot deux cent villes en France qui l’emploient et elle s’installe aussi dans les magasins. Il y a donc un projet politique de long terme et les JO ne sont qu’un prétexte pour tenter de légaliser cette technologie. Après les Jeux, la vidéosurveillance algorithmique sera généralisée : une fois que des dizaines de milliers d’agents de sécurité et de police seront formés, que la technologie sera achetée et mise au point grâce à des fonds publics, il faudra bien la rentabiliser. Son abandon après cette soi-disant expérimentation est donc illusoire.

« La VSA est seulement une aide à la décision »

Faux, la VSA n’est pas une simple aide technique : pour la concevoir, les entreprises doivent prendre une série de décisions morales et subjectives (qu’est-ce qu’un comportement « suspect » ?). Son application est également politique puisque la VSA est un instrument de pouvoir donné à des services coercitifs. La VSA n’est pas un outil neutre mais analyse en permanence les corps et les déplacements, en particulier de celles et ceux qui passent le plus de temps dans la rue. Se cacher derrière une machine, c’est déresponsabiliser les choix des agents de sécurité : « c’est pas nous qui avons ciblé cette personne, c’est l’algorithme ». C’est aussi accepter la déshumanisation du rapport des citoyens avec l’État, qui finira par ne prendre que des décisions automatisées sur sa population comme cela commence à être le cas avec la vidéoverbalisation. La VSA n’est pas une « aide à la décision » mais constitue bien un changement d’échelle dans les capacités de surveillance de l’État.

Si vous voulez en avoir plus, n’hésitez pas à consulter notre rapport sur la vidéosurveillance algorithmique ici :

5 · Faites tourner l’information autour de vous

Télécharger le flyer (couleur et noir et blanc)

Vous êtes un·e élu·e opposé·e à la surveillance biométrique ? signez notre pétition demandant le retrait de l’article 7 de la loi en nous contactant par email à l’adresse petition@technopolice.fr

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